IV. LA RELATION ENTRE LA PHILOSOPHIE DES ANDES ET LA NATURE

Comme il est écrit dans le chapitre précédent, la philosophie andine est liée à l’univers dans une vision globale et intégrale du cosmos, considérant l’homme et la nature non comme des éléments séparés, mais dans le cadre d’un processus de création de liens permanents, où on ne croit pas à la séparation conceptuelle entre l’animé et l’inanimé (les collines, la terre, l’eau, roches, etc.), entre les vivants et les morts ou la nature et l’homme. La vie, y compris celle que l’on prétend inerte, prend en considération la nature et le cosmos tout entier, exprimés à travers le concept de « Pachamama ».
L’intégration et la mise en place adéquate de la société et des éléments de l’environnement permettent de trouver un équilibre naturel ou énergétique - dans le sens d’une relation à l’énergie - Javier Lajo dans le livre « Le chemin de la sagesse Inca » p. 61, déclare :
« L’environnement a ses  ‘points forts’  de l’énergie, comme les sources, les montagnes, les cascades, puis, au delà, les ‘grandes puissances’ que sont le soleil, la lune et les étoiles et les constellations, etc. Tout ceci crée un tissu, un système ou une trame, dans laquelle est nichée la Communauté, et qui est comme un organisme fait de la chair, des os et du sang de la Communauté indigène ».
La pensée indigène pourrait être interprétée comme l’humain en tant que partie intégrante de la terre, mais la terre elle-même étant liée à l’humain est à son tour branchée sur le cosmos. La matérialisation de ce concept est observée dans les pratiques communautaires, qui sont de vrais pactes avec leur environnement, non en tant qu’entités séparées, mais comme faisant partie du même système, où l’individu et la communauté communient à cette pensée et la mettent en pratique à travers le ”faire ensemble”, obtenant l’harmonie et l’équilibre avec l’environnement et conférant implicitement à la terre ses propres droits et un respect sacré. La terre n’est jamais étrangère puisque, n’importe où l’on aille, elle est toujours présente.
L’être l’humain en tant qu’entité naturelle dans l’ensemble du système, est rattaché ou lié à travers des liens vitaux à tous les phénomènes naturels, qu’ils soient de type astronomique, météorologique, géologique, zoologique ou botanique. La communication directe avec la nature à travers la culture de la terre et ses formes cérémoniales, établit une relation vitale, rituelle, presque magique avec l’environnement, qui se met à être partie inhérente et intime de chaque être humain. De fait, la nature est toute la réalité, et non une entité opposée à une autre.