L’Arctique est la zone de la planète la plus affectée en intensité et en rapidité par les changements climatiques \cite{Bennett_2015}. Ceux-ci ont pour principale origine les activités industrielles et agricoles humaines qui ont atteint une telle influence sur notre planète que nous avons basculé depuis le siècle dernier dans une nouvelle ère, l’anthropocène \cite{Waters_2016}. Les changements climatiques se traduisent notamment par une augmentation de température de l’atmosphère et de l’océan. Cette augmentation est au moins trois fois plus rapide et elle atteint des niveaux trois ou quatre fois plus élevés en Arctique que la moyenne du reste du monde \cite{Holland_2003}. L’impact le plus immédiat et visible des changements dramatiques en cours s’observe sur la dynamique de la glace de mer arctique. Il s’agit d’un recul accéléré et très net de la surface et de l’épaisseur de la glace de mer multi-annuelle qui survivait habituellement à plusieurs cycles saisonniers annuels \cite{Lindsay_2009,Comiso_2012,Hinzman_2013,Polyakov_2013}. Il est très probable que l’Océan Arctique soit libre de glace en été dès 2040 \cite{Overland_2013}. La réduction de la glace de mer a des conséquences pour les écosystèmes sympagiques se développant directement dans la glace, mais aussi pour les écosystèmes pélagiques car elle module la pénétration de la lumière vers les producteurs primaires. En modulant les processus de mélanges verticaux dans la colonne d’eau, s’interposant entre les forces atmosphériques au-dessus et les masses d’eau en dessous \cite{Le_Fouest_2011,Tremblay_2015}, elle a aussi un impact indirect sur l’accès aux nutriments provenant des profondeurs. La tension entre ces deux forçages physiques essentiels, la lumière et les nutriments, sont à la base du contrôle de la production primaire planctonique arctique.