Comme toutes structures, les lieux publiques culturels ont besoin d’assurer une communication envers leur public pour de nombreuses raisons : se faire connaitre par la population aussi bien locale que plus éloignée, faire savoir les actualités du site, ou pour des informations plus pragmatiques (tarif, adresse, activités possibles ou autre). Dans le but de toucher le plus de monde possible il est nécessaire d’exploiter plusieurs formes de communication car tous n’ont pas les mêmes accès ou les mêmes habitudes concernant l’information. Ainsi pour répondre à ces besoins, ils se doivent d'utiliser divers outils. Ces structures, tout comme leurs homologues privés, doivent être rentables, et pour cela elles doivent susciter de l’intérêt auprès du public et donc il doit être varié. De plus, tous les publics doivent pouvoir avoir accès à la culture (salle d'exposition, musée, bibliothèque...). Il est nécessaire pour cela de varier les modes de communication.
Ce constat m’amène à me questionner. En effet, à l’heure actuelle, quels sont les ressorts permettant d’attirer du public dans les lieux culturels ? Quels sont les modes de communication qui peuvent intéresser le public à visiter ces structures ? Est-ce du bouche-à-oreille ? La renommée du site ? La publicité papier, numérique ? Y a-t-il des évaluations de la part des sites sur les éléments déclencheurs des visites du public ? Y a-t-il des nuances du type de public selon le mode de communication ? (moins de 25 ans, plus de 50, catégories socioprofessionnelles…)
Prendre de conscience de ces éléments permettraient d’orienter les activités de communication des lieux culturels, et de cette façon permettre à tous un accès à la culture au sens large (bibliothèque, musée, lieu patrimonial…). Car malheureusement, tous ne se sentent pas légitime vis-à-vis de ce type de lieu.
Philippe Bourdieu et Jean-Claude Passeron évoquent ce problème dans leur ouvrage Les Héritiers en 1964. Selon eux, les enfants, en l’occurrence les élèves dans le contexte d’écriture du livre, héritent de l’habitus de leur parent. Les classes sociales se reproduisent dans la majeure partie des cas, et le le bagage culturel se transmet. Les chances de gravir l’échelle sociale sont minces pour les enfants de classe sociale inférieure dans la hiérarchie, tandis que les enfants issus de famille plus favorisée parviendront à de meilleures études et un bagage culturel favorable. Ce bagage culturel est défini par Bourdieu comme un accès aux lieux culturels (bibliothèques, musées…), musique, littérature, films, théâtre, etc. Ceci constitue une culture générale composant des références facilitant la compréhension des enfants dans leur scolarité : ils connaissent déjà ceci et peuvent faire des liens entre leurs connaissances et les savoirs enseignés, tandis que d’autres doivent découvrir et construire des connaissances avant de pouvoir accéder aux savoirs qu’on souhaite leur transmettre. Le chemin est plus difficile à parcourir. La fréquentation régulière de ces lieux crée une habitude, elle permet de délivrer des clés de compréhension, comme Bourdieu l’explique en page 329 dans son article « L’école conservatrice. Les inégalités devant l’école et devant la culture » dans La Revue française de sociologie (1966). Pourtant, l’école ne permet qu’une fréquentation sporadique de ceux-ci.
C’est pourquoi il est important de revoir nos modes de pensée concernant la culture : si l’on souhaite créer une ouverture culturelle, permettre à tous de bénéficier d’un même bagage, sans oublier tout ce que peut nous apporter la richesse d’une curiosité sur le monde qui nous entoure, il nous reste à apprendre à susciter l’envie pour l’ensemble de la population à se rendre dans la diversité de nos lieux culturels. Pour cela, il peut s’avérer utile de prendre en compte les modes de communication actuels.
La génération des jeunes actuelles se forge en même temps que les TIC et crée un nouveau mode de communication, influençant l’ensemble de la société. Caroline Rizza la nomme « la société de communication » dans son article « La fracture numérique, paradoxe de la génération internet » publié en 2006.
Cette génération redéfinit les besoins en communication et en informations en leur donnant une place prépondérante dans la vie quotidienne : elles doivent être accessibles, immédiates et disponibles. Par cela même, les musées voient leurs frontières être redéfinies. Elles deviennent plus floues, Corinne Baujard explique que leurs actions culturelles s’étendent à présent au-delà des murs de ces lieux. Cela est influencé par ces phénomènes d’utilisation des TIC, les informations doivent être disponibles, nomades, autrement ils seront considérés comme inexistants.
L’enjeu en ce qui concerne la transformation des modes de communication des lieux culturels est donc multiple. D’une part, il touche des enjeux de société. En s’adaptant aux besoins des populations plus éloignées, ils pourraient leur permettre de s’intéresser et se rendre dans des lieux encore non-fréquentés. Ainsi, les populations pourraient s’ouvrir à de nouveaux intérêts. Afin d’appuyer mes propos, le ministère de la culture et communication a publié le document intitulé « Les publics du théâtre Exploitation de la base d’enquête du DEPS, « Les pratiques culturelles des Français à l’ère du numérique - Année 2008 » » écrit par Laurent Babé dans lequel figure les résultats des statistiques de fréquentation du théâtre selon les âges, catégories socioprofessionnelles et lieu de résidence.