Une fois encore, référence est faite à la culture populaire, complétée d’une touche de vulgarité.
Jean Motell se pose là en figure quasi réactionnaire, affiche son mépris du quatrième pouvoir mais touche encore l’ambivalence de notre modernité.
La fabrication d’idoles modernes à seule fin mercantile, dont la mise en lumière s’appuie majoritairement sur le spectre de faux comptes automatisés dans les réseaux sociaux, de flux d’écoutes “streaming” achetés comme on achète des espaces publicitaires, d’articles complaisants aux conflits d’intérêt évidents, n’est pas en soi une nouveauté. Frank Sinatra n’a-t-il pas bénéficié d’artifices équivalents au début de sa carrière ?
Ce que nous montre Jean Motell c’est l’effondrement irréversible, et donc tragique, du mythe de la star, réduite à simple marionnette tirée au sort à la loterie artistique du grand casino de l’entertainment.
Appréhender l’oeuvre de Jean Motell, c’est adopter un point de vue qui nous écarte immédiatement de l’entre soi parisien, qu’il soit de l’art, de l’édition, du cinéma, du journalisme. Ses apophtegmes ont en soi la force de la vérité brute, cette vérité silencieuse vécue par les masses laborieuses qui travaillent pour vivre, ont le corps fatigué par la besogne, non par le champagne, comme l’est la faune dépeinte par Jean Motell dans son premier livre au titre prémonitoire “Comment devenir une célébrité en étant fauché et pas pistonné" (ISBN 978-1720035558).
Nulle compassion pour les fortunés ou pistonnés du star système chez Motell, pas d’acrimonie mais juste le plaisir coquin de prendre ce qui ne lui était pas destiné ; car n’est-ce pas l’un des plus grands plaisirs ?